Libye: l’Occident progresse sur un champ de mines

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Excellent article russe. Qui sont les membres de l'opposition libienne que Sarkozy a reçu à l'Elysée -en compagnie de Bernard Henri Lévy il ne faut pas l'oublier-. Déjà, le fait que celui-ci s'intéresse à la Libye aurait dû en interpeller un grand nombre. Personne ne sait rien sur ces "opposants". A part Sarkozy. Ca fait peu.

 

 

 

Libye: l’Occident progresse sur un champ de mines

 

 

Par Dmitri Babitch, RIA Novosti

 

 

 

La situation en Libye est devenue une dure épreuve pour le monde occidental, elle a mis en évidence un grand nombre de problèmes au sein de l’OTAN, de l’Union européenne et dans la coopération entre les Etats-Unis et leurs alliés en Europe. D’après les éditions matinales des journaux européens et américains de lundi, il s’est avéré que le monde occidental était effectivement divisé. Et il ne s’agit pas seulement du refus de l’Allemagne de participer directement à l’opération en Libye. Il est question de la mauvaise préparation de l’opération en soi, de l’absence de plan précis d’action et du caractère obsolète de l’idéologie occidentale contemporaine avec sa division manichéenne du monde en bons démocrates et en mauvais dictateurs. Mais pour commencer, reconstituons la succession des événements qui ont conduit au scénario militaire.

Ce ne sont pas les Etats-Unis mais la France et la Grande-Bretagne (dans cet ordre) qui ont été les initiateurs de l’opération en Libye. Pendant que Barack Obama se trouvait en tournée en Amérique latine, et que le Pentagone donnait des explications floues de ses futurs objectifs en Libye, les Français et les Britanniques ont pris l’initiative. L’initiative de Paris ne s’est pas seulement manifestée par le fait que l’armée de l’air française a été la première à attaquer samedi les forces aériennes libyennes et les sites de défense antiaérienne.

Le président français s’est mis d’entrée de jeu à amener l’affaire vers une issue militaire, lorsque le 5 mars il a commencé à établir des contacts avec le Conseil national de transition (CNT), jusqu’alors non-reconnu, créé dans la ville révoltée de Benghazi moins d’une semaine auparavant, le 28 février. Le 10 mars déjà, les membres du CNT ont été accueillis au Palais de l’Elysée à Paris.

Le premier ministre britannique David Cameron s’est joint au plan d’intervention en Libye lors du vote à l’ONU de la résolution n  1973, ainsi que les jours suivant lorsque les gouvernements européens débattaient du niveau de participation de chaque pays à l’opération à venir. Le gouvernement allemand a certainement préféré s'abstenir en raison des opinions pacifistes dans son pays, et l’Italie hésitait. Son incertitude était due au statut d'ancienne métropole de la Libye, l'Italie n’ayant pas laissé les meilleurs souvenirs derrière elle, ainsi qu'à la proximité territoriale. Dans ces conditions, Paris et Londres ont tout simplement imposé la résolution qui leur convenait.

Toutefois, la coalition qui s’est formée contre Kadhafi est très fragile. Les alliés arabes, dont seulement le Qatar et les Emirats Arabes Unis font preuve d’un certain esprit de combativité, sont le maillon le plus faible. Par ailleurs, il existe également des failles sur le flanc Ouest de l’Alliance. Un sondage du Figaro a révélé que seulement à peine plus de 50% de la population du pays initiateur de l’invasion (la France) pensent que les frappes aériennes peuvent obliger Kadhafi à démissionner. Quant à l’éventuelle opération terrestre, elle rappelle tristement l’Irak, l’Afghanistan et la Somalie.

Même le premier ministre britannique David Cameron a obtenu le soutien de l’opposition travailliste à la Chambre des communes pour les bombardements sous réserve qu’"aucune force d’occupation" n’entrerait sur le territoire libyen. En Allemagne, l’article de l’ancien président du Comité militaire de l’OTAN dans le journal Süddeutsche Zeitung, où il regrette le refus de son pays de participer à l’opération selon le modèle du Kosovo, a provoqué un grand nombre de critiques de lecteurs. L’ancien président du Comité militaire de l’OTAN a été qualifié de va-t-en guerre…

Pourquoi une telle confusion et tant d'hésitation? La réponse ne réside pas seulement dans le présent, mais également dans le passé. Pendant de nombreuses années, l’OTAN et l’Union européenne ignoraient la situation en Libye. Jusqu’à présent, personne en Occident ne peut dire avec certitude qui fait partie de l’opposition libyenne et quel Etat cette dernière souhaite construire. Pourquoi? Pour la même raison que les journalistes et les politiques occidentaux préfèrent discuter avec l’opposition russe plus facile à comprendre et moins dangereuse, qui les emberlificotait au sujet du "chantage énergétique du Kremlin" ou d’une éventuelle guerre russo-ukrainienne pour la Crimée. Avec ces personnes on n’avait pas besoin de prendre des risques ou de chercher à comprendre les complexités de la situation. Au final, l’Union européenne et les Etats-Unis se sont retrouvés face à un chantage énergétique réel de Kadhafi et à une guerre réelle en Libye auxquels ils n’étaient absolument pas prêts.

"Nous nous engageons sur un champ de mines, nous ignorons ce qui nous attend réellement en Libye", a écrit un lecteur du Figaro en commentant la déclaration de Nicolas Sarkozy. "Si nous voulons nous battre pour la démocratie dans le monde arabe, pourquoi aidons-nous l’opposition armée en Libye, et non pas les manifestants non armés à Bahreïn, où les monarques locaux ont envoyé leurs gardes moyenâgeux pour les réprimer? Où est la logique et où est l’information?", demande un lecteur de la Süddeutsche Zeitung.

En effet, il y a eu peu d’informations, car pendant de nombreuses années les européens cherchaient les ennemis et les amis là où il était plus simple de les trouver. Il était bien plus facile de blâmer les forces de l’ordre russes que Kadhafi et ses fils, qui en raison d’un litige anodin entre un des fils Kadhafi et l’administration d’un hôtel ont organisé un véritable boycott économique contre la Suisse. Il est bien plus agréable de se rencontrer dans les bureaux et les rédactions moscovites avec l’opposition russe qui se plaint, plutôt que de chercher des islamistes libyens clandestins en se cachant de la police secrète de Kadhafi. Il semble que l’Europe se verra bien obligée de revoir un peu ses priorités informationnelles.

Sources Ria Novosti

 

Posté par Adriana Evangelizt

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