Yehuda Shaul : “Nous avons créé un monstre: l'occupation”

Publié le par Adriana EVANGELIZT

 Un livre de Yehuda Shaul, ex-officier de l'armée israélienne, "Breaking the silence" "Briser le silence", sort dans quelques jours. De nombreux soldats de Tsahal racontent leur comportement envers les Palestiniens. Mais aussi leur PRISE DE CONSCIENCE que ce qu'ils faisaient était mal. Yehuda a créé une association pour que les israéliens ouvrent les yeux sur la colonisation et les comportements inhumains vis-à-vis des palestiniens. Mais le gouvernement de l'état "démocratique" mène une campagne de dénigrement contre l'ONG Breaking the Silence et le ministère de l'Intérieur a demandé à Bruxelles de lui couper toute subvention. Il ne faut ouvrir les yeux à personne là-bas sinon vous êtes d'office dans le collimateur de l'Ogre. Il faut surtout que les Israéliens restent bien chloroformés sinon vous verriez ce que deviendrait la "démocratie" envers ses citoyens. Y'a pas photo. Ce qui règne là-bas, c'est pire que tout ce que vous pouvez imaginer. Le "laboratoire" est en train de former le "nouvel homme" de demain. Il faut qu'il soit cruel, inhumain, qu'il vole et qu'il tue, qu'il n'ait plus d'âme et plus de conscience. Voilà le but du jeu. Tuer l'Ancien Peuple pour fabriquer un clone qui serait son contraire et dont les spécimens règnerait d'une poigne de fer sur toute la planète. Vous avez là un aperçu de la future armée du Nouvel Ordre Mondial.

 

 

 

Yehuda Shaul : “Nous avons créé un monstre: l'occupation”

 

 

Video tournée il y a cinq ans où Yehuda explique sa prise de conscience...

 

 

Yehuda Shaul, 28 ans, ex-officier de l'armée israélienne, est l'auteur de «Breaking the Silence», un livre événement à paraître en janvier où les combattants de Tsahal racontent leur intolérable comportement dans les territoires occupés à Gaza.

 

 

 

Paris Match. Votre livre est une bombe par ses révélations ; quel effet concret en espérez-vous ?
Yehuda Shaul. J’espère pouvoir enfin susciter une vraie discussion sérieuse en Israël car, cette fois-ci, nos témoignages sont innombrables, vérifiés, incontestables : il y en a 180 et nous en tirons une analyse, ce qui est nouveau.

 

Pensez-vous que l’opinion israélienne igno­re ce que signifie l’occupation militaire des territoires palestiniens ?
Le public a des clichés dans la tête qui incitent à l’approbation aveugle. Par exemple, en hébreu, la politique israélienne dans les territoires occupés se résume à quatre termes que l’on ne peut pas contester : “sikkul” (la prévention du terrorisme), “afradah” (la séparation entre la population israélienne et la population palestinienne), “mirkam hayyim” (la “fabrication” de l’existence palestinienne) et “akhifat hok” (l’application des lois dans les territoires occupés). En réalité, sous ces noms de code se cachent de terribles déviations qui vont du sadisme à l’anarchie et bafouent les plus élémentaires droits de la personne. Cela va jusqu’aux assassinats d’individus innocents dont on suppute qu’ils pourraient être des terroristes. Et je ne parle pas des arrestations arbitraires et des harcèlements en tout genre.

 

Quel est le but ?
Il est clairement défini : c’est de montrer la présence permanente de l’armée, de produire le sentiment d’être traqué, contrôlé, bref, il s’agit d’imposer la peur à tous dans la société palestinienne. On opère de façon irrationnelle, imprévisible, créant un sentiment d’insécurité qui casse la routine.

 

L’occupation des Territoires n’est-elle pas nécessaire pour éviter des “surprises” terroristes ?
Non ! L’occupation systématique ne se justifie pas car elle recouvre une série d’interdictions et d’entraves inadmissibles. Nous souhaitons en discuter maintenant. Ni au sein de l’armée ni au sein de la société civile ou politique on ne veut affronter la vérité. Et cette vérité, c’est que nous avons créé un monstre : l’occupation.

 

Peut-on espérer que de sérieuses discussions sur la paix améliorent la situation ?
Non, chercher à finir le conflit est une chose, finir l’occupation en est une autre. On est tous d’accord pour rechercher la paix, mais on oublie l’occupation. Or, il faut commencer par cela.

 

Vos témoignages révèlent l’incroyable impunité dont bénéficient les colons, véritables adjoints des mili­tai­res : ils brutalisent leurs voisins palestiniens, entraînent leurs enfants à l’agressivité et à la haine des Arabes...
En effet, mais ce ne sont pas eux le problème. C’est le mécanisme d’occupation qui leur a alloué ce pouvoir démesuré. Moi, quand j’étais militaire à Hébron, je ne pouvais pas arrêter un colon qui enfreignait ouvertement la loi sous mes yeux. Ils font partie de ce système immoral.

 

Pensez-vous trouver un soutien dans l’opinion israélienne ?
Pour l’instant, nous sommes minoritaires mais optimistes ! Il le faut car on vit des temps sombres, l’opinion israélienne est apathique, les gens en ont ras-le-bol. Et le prix à payer pour cette occupation n’est pas lourd. C’est pourquoi il n’y a pas de volonté politique. En revanche, le prix moral est énorme.

 

C’est la première fois que de telles révélations sont faites ?
Non, il y a un an, nous avions raconté les exactions infligées dans la bande de Gaza, et nous avions été attaqués de toutes parts : par l’armée, la société civile et la société politique. Netanyahou nous avait accusés d’avoir “osé briser le silence”. Mais quel silence ? C’est un silence honteux sur un scandale tonitruant ! Ils ont tout fait pour nous discréditer. Ils tombaient mal car nous sommes tous d’anciens officiers qui avons vécu ces événements pénibles.

 

Justement, pas mal de soldats et d’officiers qui s’expriment semblent traumatisés par ce qu’ils ont dû accomplir. Une souffrance qui perdure.
Oui... Enfin, ne nous trompons pas : les victimes, ce sont les Palestiniens qui endurent ce contrôle. Je me souviendrai toujours de la réponse d’un commandant de l’armée lors d’une discussion sur un plateau télé en 2004. Nous avions organisé une expo photo avec une vidéo des témoignages. Il m’a dit : “Je suis d’accord avec ce que vous montrez, mais c’est comme ça, il faut l’accepter, cela s’appelle grandir, devenir adulte.” Je suis resté sans voix.

 

Certains pensent qu’Israël a intérêt à maintenir le conflit et que les Palestiniens n’auront jamais leur terre.
C’est faux. Il est impossible d’éradiquer une population de 3,5 millions d’habitants. Le problème n’est pas de leur accorder une terre, il est dans l’obsession de vouloir les contrôler.

 

Les jeunes générations de 20-30 ans sont-elles plus perméables à votre point de vue ?
Toute ma génération n’est pas d’accord avec moi, mais aucun ne peut dire que je mens. Nous sommes tous d’ex-membres de l’armée nationale, nous avons payé le prix, nous avons gagné le droit de parler. Il faut que les esprits changent de l’intérieur.

 

Vous êtes juif orthodoxe et vous tenez un discours étonnamment ouvert. Votre foi vous aide-t-elle dans ce combat ?
Pas plus que ça... Mais je sais ce que signifie être un juif religieux : ne pas rester silencieux devant ce qui est mal. Et je veux apporter une solution, pas un problème.

 

Sources Paris Match

 

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Yehuda Shaul brise le silence sur l’occupation israélienne

 

 

 

À lui seul, Yehuda Shaul bouscule pas mal de clichés sur le conflit israélo-palestinien. Lorsqu’on le rencontre au CCFD (Comité catho­lique contre la faim et pour le développement), on se dit qu’il y a erreur : ce gars mastoc, qui porte la kippa et la barbe, ne peut être le fondateur de Breaking the Silence (Briser le silence), organisation de soldats israéliens qui a publié des témoignages accablants de soldats sur l’opération Plomb durci, à Gaza. Et pourtant, si. Né dans un quartier orthodoxe de Jérusalem, cet homme de 28 ans au regard dur a fait ses études, religieuses, près de Ramallah, en Cisjordanie. Sa sœur est colon. Son cousin avait une exploitation dans le Goush Katif, le bloc de colonies de la bande de Gaza évacué en 2005. Autant dire que Yehuda Shaul est tombé tout petit dans le chaudron de la droite israélienne. Mais il en est sorti.


À l’origine de cette bifurcation, une longue marche à travers Israël, à 18 ans. « J’ai rencontré beaucoup de Bédouins, d’Arabes israéliens, confie-t-il. De retour, je me suis mis à lire des essais politiques. Je suis peu à peu devenu de gauche, pacifiste. Mais c’était une gauche abstraite...» La réalité le rattrape lorsqu’il intègre l’armée israélienne pour trois ans de service obligatoire. À Hébron, où sa brigade ­s’installe en 2001, Yehuda Shaul a pour mission de faire cesser les tirs des snipers palestiniens sur les colonies israéliennes. Posté dans une école qui surplombe la ville, il doit riposter. « Impossible de savoir d’où venaient les tirs. Je devais tout de même tirer au lance-grenades, qui n’est pas une arme précise, se souvient-il. La première fois, j’espérais que le moins de grenades possible partiraient. Mais l’ennui était tel que j’attendais avec impatience cet instant, le plus excitant de la journée. » Fidèle à ses convictions, il réprouve la violence des jeunes colons. « Puis il y a eu les attentats suicides du printemps 2002, et j’ai tout oublié : il y avait nous, et ceux qui nous voulaient du mal. »

À la fin de son service, il mesure ce qu’il a fait. « J’ai été terrifié par mon reflet dans le miroir. J’ai décidé qu’il fallait que les Israéliens se rendent compte de ce que leurs enfants faisaient dans les territoires. » En 2004, il crée Breaking the Silence et organise à Tel-Aviv une exposition réunissant des témoignages audio et vidéo de ses collègues soldats. L’expo fait la une des journaux et bouscule les certitudes. « Les Israéliens ont confiance en leurs soldats. Lorsque nous affirmons que les règles d’engagement étaient très permissives lors de l’opération Plomb durci, que des crimes de guerre ont été massivement commis, les Israéliens sont nombreux à nous croire. » Ce qui explique que, depuis l’été 2009, Breaking the Silence est la cible d’une campagne de dénigrement de la part du gouvernement. L’ONG est bannie des plateaux de télévision et le ministère de l’Intérieur a demandé à Bru­xelles de lui couper toute subvention.

Yehuda Shaul tient au caractère juif d’Israël, « mais cela dépend de quel judaïsme nous parlons. Si c’est celui des colons, non ! s’exclame-t-il, en colère. à Hébron, je ne portais pas ma kippa, pour ne pas être assimilé à eux. Le judaïsme n’a rien à voir avec la discrimination d’un autre peuple, ni avec le vol des terres palestiniennes. » Son judaïsme est respectueux des Commandements, comme celui de son père, le seul de la famille à s’être exprimé sur son engagement : « Il est venu à l’exposition de 2004, il a écouté le témoignage d’un soldat qui disait que sa brigade avait interrompu un enterrement dans une ville palestinienne. Le cercueil était resté en plan. Il m’a alors demandé si j’avais commis ce genre de choses. J’ai répondu oui. Il est parti. » Une semaine après, le père réapparaît. « Il est venu vers moi et m’a dit : “ Je veux que tu saches que je comprends ton combat.” » Une brèche dans le silence.

 

Passé

 

1982 Naît à Jérusalem-Ouest.
2001 Entre dans l’armée israélienne pour trois ans de service militaire.
2004 Crée l’ONG Breaking the Silence.
2009 Sort un livret de témoignages de soldats ayant participé en janvier à l’opération Plomb durci, à Gaza.

Présent

2010 L’ONG est mise au ban par le gouvernement israélien.

Futur

Continuera à lutter pour que les Israéliens ouvrent enfin les yeux.

 

Sources La Vie

  

Posté par Adriana Evangelizt



 

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