L'Europe se divise sur l'offensive contre Kadhafi

Publié le par Adriana EVANGELIZT

L'Allemagne n'est ouvertement pas d'accord et n'a pas voté la résolution. Elle y voit des risques et des dangers considérables. Nous aussi d'ailleurs. Une escalade.

 

 

 

L'Europe se divise sur l'offensive contre Kadhafi

 

 

De Yacine LE FORESTIER

 

 

 

 

BRUXELLES — Huit ans après s'être déchirée sur la guerre en Irak, l'Union européenne va avoir fort à faire pour maintenir sa cohésion face à l'opération militaire qui se profile en Libye, promue par Paris et Londres mais critiquée par l'Allemagne notamment.

 

La France a regretté ouvertement vendredi l'attitude sur le dossier de son principal partenaire, l'Allemagne, qui n'a pas voté jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU en faveur de la résolution autorisant le recours à la force contre les forces de Mouammar Kadhafi.

 

"On était déçu déjà au Conseil européen de ne pas avoir vu les Allemands nous accompagner avec les Britanniques dans cette démarche", a souligné le porte-parole du gouvernement français, François Baroin. Une référence au dernier sommet de l'UE vendredi, où les pays européens n'avaient pu s'entendre pour soutenir clairement l'option militaire.

 

La réunion a même été marquée en coulisses par une franche explication, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron  reprochant vivement à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, de ne pas assez s'engager en faveur d'une intervention militaire, selon plusieurs diplomates.

 

Pour Hugo Brady, analyste au Center for European Reform, "Mme Ashton ne peut pas prendre position en faveur d'une zone d'exclusion aérienne en Libye parce que les pays européens sont divisés sur la question", du fait du souvenir de l'enlisement en Irak.

 

L'Allemagne a réaffirmé ses fortes réserves vendredi. "Nous restons éminemment sceptiques sur l'option d'une intervention militaire (...) Nous y voyons des risques et des dangers considérables", a indiqué son ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

 

Les tiraillements sur la Libye font ressurgir le spectre de 2003: Un fossé s'était alors creusé en Europe entre partisans et opposants d'une intervention contre Saddam Hussein.

 

A l'époque, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, la Pologne et la République tchèque étaient dans le premier camp. L'Allemagne et la France côte à côte dans le deuxième.

 

La ligne de fracture s'est aujourd'hui déplacée: la France, la Grande-Bretagne, le Danemark et la Pologne militent pour la manière forte, alors que l'Allemagne, l'Italie -- qui craint un afflux d'immigrants avec la chute du colonel Kadhafi -- et la Suède traînent des pieds.

 

On est encore loin de l'intensité des échanges de 2003, lorsque l'ancien chef de l'Etat français, Jacques Chirac, s'était permis de tancer les pays d'Europe de l'Est favorables à la guerre en jugeant qu'ils avaient perdu "une occasion de se taire". Mais "on va avoir du travail pour préserver l'unité de l'UE", concède un diplomate. Dès la semaine prochaine, les ministres européens des Affaires étrangères, puis les chefs d'Etat et de gouvernement se réuniront à Bruxelles.

 

"La suite va dépendre de l'évolution sur le terrain. Si la révolution libyenne l'emporte car on aura anéanti les troupes de Kadhafi que pourront dire les autres? Si cela ne marche pas, ils diront: +on vous l'avait bien dit!", pronostique le chef de file des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, interrogé par l'AFP. "Je ne suis pas fier pour l'Allemagne" qui a "le coeur froid face aux révolutions", ajoute-t-il, en relevant toutefois que la prudence de Berlin s'explique par une tradition pacifiste profondément ancrée dans l'histoire d'un pays toujours marqué par le traumatisme du nazisme.

 

La Libye risque de renvoyer l'UE à ses études pour la mise en place d'une politique étrangère et de sécurité commune (Pesc). "Depuis les Balkans et le Kosovo, l'UE a travaillé en vue de la définir" mais aujourd'hui elle n'est "nulle part", estime Hugo Brady. "La conduite d'une politique étrangère passe par la définition d'intérêts stratégiques, mais les Européens ont-ils les mêmes?", demande-t-il.

 

Sources Le Point

 

Posté par Adriana Evangelizt

 

 

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